Le 31 juillet 1944, après la longue bataille des haies, les troupes américaines percent le front à Avranches. La Task Force A du général Earnest suit la côte nord de la Bretagne afin de s’emparer du port de Brest le plus rapidement possible. Afin de prévenir la destruction des ponts et viaducs par les Allemands et de faciliter l’avancée des Américains, il est décidé de parachuter des groupes de SAS français dans le Finistère nord. Cette opération prend le nom de Derry.
La 2e compagnie du 3e RCP, commandée par le capitaine Sicaud, est choisie pour cette mission qui comporte trois volets. Derry I (5 sticks) doit limiter les mouvements de troupes allemandes autour de Brest. Derry II (1 stick) doit empêcher la destruction du viaduc de Morlaix et harceler l’ennemi. Derry III (2 sticks) devra faire de même avec le viaduc de Plougastel.
L’opération Derry II
Elle est confiée au stick du lieutenant Paul Quélen, originaire de Morlaix et connaissant donc bien l’endroit. Il commande la 2e troop de la 2e compagnie, le chef habituel du stick étant l’aspirant André Pasquier. Dix autres hommes sauteront avec eux.
La 2e compagnie du 3e RCP, commandée par le capitaine Sicaud, est choisie pour cette mission qui comporte trois volets. Derry I (5 sticks) doit limiter les mouvements de troupes allemandes autour de Brest. Derry II (1 stick) doit empêcher la destruction du viaduc de Morlaix et harceler l’ennemi. Derry III (2 sticks) devra faire de même avec le viaduc de Plougastel.
L’opération Derry II
Elle est confiée au stick du lieutenant Paul Quélen, originaire de Morlaix et connaissant donc bien l’endroit. Il commande la 2e troop de la 2e compagnie, le chef habituel du stick étant l’aspirant André Pasquier. Dix autres hommes sauteront avec eux.
Les Stirling décollent de Fairford le 4 août vers 22h30. Le stick Quélen touche le sol peu après minuit dans un secteur reculé de Saint-Jean-du-Doigt, au nord de Morlaix. La drop zone, située près du lieu-dit Keréonec, est sécurisée par des maquisards FFI du maquis de Saint-Laurent, près de Plouégat-Guerrand. Après avoir été accueillis avec du cidre et une omelette à la ferme voisine, les SAS partent à pied vers le maquis, guidés par les résistants. Ils arrivent vers 5h du matin à la ferme-PC de Kerabars où ils prennent un peu de repos.
Les maquis de la vallée du Douron et la Jedburgh Team Hilary
Le Douron est la rivière séparant le Finistère des Côtes-du-Nord. Sa vallée, encaissée et boisée, offre un cadre idéal pour la formation de maquis. Dès mai 1943, un premier maquis FTP se forme près de la ferme de Coat-Janus, au sud de Plouégat-Guerrand. En septembre de la même année, d’autres FTP s’installent plus au nord, près de Plestin. Enfin, fin juillet 1944, des FFI établissent leur PC à Kerabars.
Ce dernier maquis est encore mal organisé et presque pas armé lorsqu’arrive la team Hilary, composée du capitaine Edgar Mautaint alias « Marchant » (Charente), du lieutenant Philip E. Chadbourne (Nevada) et du lieutenant Robert Hervouet alias « Pariselle » (Kopek). Les Jeds vont donc organiser la Résistance locale et obtenir un parachutage d’armes dans la nuit du 3 au 4 août.
Les combats de la Libération
L’arrivée des SAS de Quélen gonfle le moral des FFI et renforce leur potentiel offensif. Dès le 5 août, la mission d’origine (protéger le viaduc de Morlaix) est abandonnée, car celui-ci ne semble pas miné. Les parachutistes, accompagnés de quelques volontaires, partent alors en reconnaissance vers Plouigneau, où des Allemands ont été signalés. Ils sont effectivement dans le bourg, mais les SAS décident de ne pas attaquer par crainte de représailles sur la population.
Observation à l'approche de Plouigneau.
Le 6, Quélen place ses hommes en embuscade le long de la Nationale 12, à l’ouest du Ponthou. Le but est d’attaquer tout Allemand se repliant vers Brest ou tout renfort se dirigeant vers le front. Le temps passe et personne ne se présente ; le lieutenant envoie donc deux volontaires FFI en reconnaissance vers le sud afin de vérifier que l’ennemi ne circule pas sur un autre itinéraire. Toujours sans contact à la fin de la journée, les SAS lèvent l’embuscade et retournent à Kerabars.
L'un de ses camarades souhaiterait plus d'action pour mettre en pratique le long entraînement qu'ils ont suivi après s'être engagés en Afrique du Nord !
Un SAS et une Résistante attendent le retour des éclaireurs envoyés par le lieutenant. On note l'utilisation des pouches par le parachutiste.
Le 7 août, les paras prennent le temps de faire connaissance avec la population locale...
De son côté, le lieutenant radio d'Hilary observe les environs du PC de Kerabars.
De son côté, le lieutenant radio d'Hilary observe les environs du PC de Kerabars.
Pendant ce temps, les FTP menés par le lieutenant Chadbourne ont monté leur propre embuscade à l’est du Ponthou et étrillent les colonnes allemandes en repli : cyclistes, motards, camions et voitures sont attaqués au fusil et au Bren. Très peu de survivants semblent passer l’embuscade. Cependant, dans la soirée du 6 août, une unité de Flak se présente et envoie des patrouilles qui commencent à encercler les Résistants, placés des deux côtés de la route. Lorsqu’un canon de 47 mm ouvre le feu à bout portant, Chadbourne donne le signal du repli. Les FTP regagnent leur maquis après avoir été poursuivis sur quelques kilomètres.
Le 8 en fin de matinée, les SAS prennent contact près de Plouigneau avec les éléments de reconnaissance du 17th Squadron du 15th Cavalry Group. En fin de journée, Morlaix est libérée et les paras suivent les Américains dans la ville.
Le lendemain, ils sont informés que la garnison de Carantec accepte de se rendre, mais pas aux « terroristes ». Les 12 SAS se rendent sur place à bord d’un camion réquisitionné et capturent la garnison, composée d’une trentaine d’hommes. Un Allemand est abattu, les autres sont emmenés sur la place de l’église avant d’être confiés aux Américains.
Le parachutiste Cornu escorte les membres de la garnison allemande de Carantec vers la place de l'église, le 9 août 1944.
La fin de mission en Bretagne
Les parachutistes vont ensuite passer une dizaine de jours à Morlaix, avant de rejoindre le reste de la compagnie Sicaud à Vannes. Le 22 août, ils prennent le chemin du retour vers l’Angleterre via le port artificiel d’Arromanches. Ils seront ensuite engagés dans le Doubs (opération Abel) puis, pour certains, en Hollande (opération Amherst).
Peu après la Libération de Morlaix, nous retrouvons notre Jed qui n'a pas résisté à l'envie de se mettre au piano dans un café de la ville !
L'Operational Group Donald
Pendant la même période, à quelques dizaines de kilomètres de là, une autre équipe de commandos était, elle aussi, à l’œuvre dans la région pour prévenir la destruction d’objectifs clés.
L’Operational Group américain Donald fut parachuté dans la nuit du 5 au 6 août pour protéger le viaduc de Guimiliau.
Nourris et logés par le Maquis jusqu’au petit matin, ils établirent le périmètre défensif autour du viaduc avec l’aide des résistants dans la matinée. Les approches directes seront ainsi couvertes par les Américains, les Français étant placés à des points moins sensibles.
Au petit matin, l'OG se regroupe autour de ses officiers pour gagner le pont. Cette photo souvenir permet de juger de la diversité d'armement présente mais aussi de quelques détails comme les filets de camouflage individuels anglais utilisés comme couvre-casque mais aussi la présence de portes-grenades 3 compartiments et de jungle first aid.
Un des Lieutenants de l'équipe prend le temps d'inspecter l'ouvrage. Celui-ci ayant été formé à la démolition, il saura exactement où placer ses hommes pour une défense maximale du viaduc.
Le pont, formé de 7 piliers en pierre, étant un objectif capital, la tension est bien vite au maximum. Un maquisard nettoyant son arme tira malencontreusement un coup de feu, l’ensemble de l’équipe se mis aussitôt à riposter avant de se rendre compte de l’erreur…
Aperçu d'une position défensive juste sous le viaduc. Nos hommes sont calmes et ont même récupéré un fm bren pour augmenter leur puissance de feu.
Le 9 août, aucun mouvement allemand n’ayant été repéré et la garnison de Landivisiau ayant évacué, l’OG se rendit en ville avec quelques 250 maquisards.
Un défilé fut directement organisé pour le plaisir de la population, enfin libérée, et devient vite une belle célébration. En ville, les Lieutenants de l’équipe entrèrent également en contact avec une mission de reconnaissance américaine de la Task Force A.
L’ensemble du groupe y resta jusqu’au 11, afin d’empêcher tout mouvement de représailles allemand vis-à-vis de la population mais aussi pour effectuer encore quelques patrouilles aux alentours du viaduc.
Un mouvement jusque Lesneven permit à l’OG de rencontrer les premiers éléments de la Task Force.
Aussitôt, afin de ne pas se faire prendre pour des snipers, ils tombèrent armement et casques pour aller à la rencontre de leurs camarades. Ils rencontrèrent le Général Earnest. Celui-ci demanda aux officiers de l’OG de se reconcentrer sur Landivisiau, des mouvements allemands ayant encore été signalés dans la région.
Profitant d'un instant de repos, ce Joe nous permet de découvrir sa tenue. Comme de nombreux OG en partance d'Angleterre, il est équipé d'une veste m43 sur laquelle figurent des ailes SF et un brassard d'invasion découpé et cousu sur sa manche gauche. Le groupe a préféré être parachuté avec des musettes m6 pour masque à gaz en lieu des musettes m36 habituelles.
Arrivés à Guiclan, ils capturèrent 22 allemands. Peu après, ils tombèrent sur une jeep américaine armée d’une mitrailleuse .50 avec un équipage de 3 hommes. Ceux-ci s’étant perdus, ils se joignirent à l’OG et aux maquisards.
Se dirigeants alors vers le village de pêcheurs de Roscoff, les Joes capturèrent un allemand passant par là en bicyclette, celui-ci ne s’attendant forcement pas à une telle rencontre il n’opposa pas de résistance… Il décrit aux commandos les positions de Roscoff. Ces dernières étant fortement défendues et imprenables sans un soutien de l’artillerie, le Lieutenant Hirtz décida de renvoyer l’allemand fraichement capturé avec un mot pour le commandant de la place les sommant tous de se rendre. La garnison ayant peur de se rendre à des Français, l’officier allemand demanda une preuve de la présence d’Américains. Le Lieutenant Hirtz leur envoya ses papiers. Peu après, la garnison sorti en bonne ordre mais encore armée… Les maquisards ouvrèrent le feu en faisant de nombreux tués, les Allemands refluèrent vers les blockhaus en désordre.
Le Lieutenant américain perdant patience, il s’y rendit avec un drapeau blanc et joua au bluff, jurant de faire brûler sous les obus ces positions si la garnison ennemie de se rendait pas. Après un moment d’hésitation, 30 soldats allemands en sortirent sans armes et le village était enfin libéré.
Le 13 août, un des Lieutenants de l’équipe en patrouille avec quelques OGs rencontra le Lieutenant Chadbourne de l’équipe Jedburgh Hillary. Il en profita pour rentrer en contact radio avec Londres et demander de nouveaux parachutages d’armements.
Se dirigeants alors vers le village de pêcheurs de Roscoff, les Joes capturèrent un allemand passant par là en bicyclette, celui-ci ne s’attendant forcement pas à une telle rencontre il n’opposa pas de résistance… Il décrit aux commandos les positions de Roscoff. Ces dernières étant fortement défendues et imprenables sans un soutien de l’artillerie, le Lieutenant Hirtz décida de renvoyer l’allemand fraichement capturé avec un mot pour le commandant de la place les sommant tous de se rendre. La garnison ayant peur de se rendre à des Français, l’officier allemand demanda une preuve de la présence d’Américains. Le Lieutenant Hirtz leur envoya ses papiers. Peu après, la garnison sorti en bonne ordre mais encore armée… Les maquisards ouvrèrent le feu en faisant de nombreux tués, les Allemands refluèrent vers les blockhaus en désordre.
Le Lieutenant américain perdant patience, il s’y rendit avec un drapeau blanc et joua au bluff, jurant de faire brûler sous les obus ces positions si la garnison ennemie de se rendait pas. Après un moment d’hésitation, 30 soldats allemands en sortirent sans armes et le village était enfin libéré.
Le 13 août, un des Lieutenants de l’équipe en patrouille avec quelques OGs rencontra le Lieutenant Chadbourne de l’équipe Jedburgh Hillary. Il en profita pour rentrer en contact radio avec Londres et demander de nouveaux parachutages d’armements.
Rencontre entres nos OGs et les Jedburghs de l'équipe Hilary. Un contact radio avec Londres va enfin pouvoir être établi.
Le 17, le commando OG ayant été dépassé, il se mit en route pour Londres. Ils l’atteignirent le 19.
1944-2011
C'est pour redécouvrir ces événements que nous nous sommes rendus sur place le week-end des 5-6-7 août 2011. Nous étions 18 reconstitueurs des groupes 39-45 Histoire Vivante / SFLHG, du Victory Group Normandy / La Couronne Cassée, du Carentan Liberty's Group et indépendants. Après avoir installé notre campement autour de la ferme en ruines de Coat Janus, ancien PC des FTP, nous avons pu nous rendre sur la DZ du stick Quélen puis sur les lieux des combats près du Ponthou. C'est sur la place de ce village que nous avons pu présenter au public nos uniformes et équipements, et rencontrer certains anciens qui se souvenaient encore de la Libération.
Nous remercions les municipalités de Plouégat-Guerrand, Plouigneau et Le Ponthou ainsi que plusieurs propriétaires privés pour nous avoir permis d'organiser cette sortie qui était une première depuis 1944 !
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